ANKARA - DAMAS
samedi 3 octobre 2009
Ankara - Damas
Ankara, capitale de la Turquie, 4 millions d'habitants, n'était vers 1920 qu'une petite ville d'une trentaine de milliers d'angoras (la ville s'est appelée Angora à une certaine époque, et c'est de là que vient le nom d' angora qu'on donne à certains chats et moutons ). A part la citadelle byzantine et la vieille ville qui l'entoure, c'est donc une ville moderne, mais qui garde un certain charme car la plupart des immeubles ont des toits à deux ou quatre pentes en tuiles rouges.
Après un jeu de piste à travers la ville je me retrouve chez les copains qui vont m'héberger deux nuits, étape de repos qui est la bienvenue. Jolie balade dans la vieille ville avec ses petits cafés-terrasses et ses boutiques d'artisans. Je ne résiste pas à l'achat d'un superbe narguilé qui sera une pièce maîtresse de la déco de ma maison à Damas ainsi qu'un bon accompagnement du café turque. Les photos vous donnent un aperçu de la vieille ville et de l'étendue de la ville construite dans une immense cuvette entourée de montagnes. Le soir de la terrasse de l'appartement construit sur une hauteur, on a toute la ville à nos pieds et on aperçoit par endroit des feux d'artifice qui signalent les fêtes de mariage du jour. Ha! ce petit raki avec cette immensité calme à nos pieds !
Lundi matin départ pour la Capadoce ( qu'a pas d'os ?) un des rares endroits de la Turquie que je n'ai pas parcouru. Arrivée à Göremé où je suis attendu par le patron d'un petit hôtel de charme, terrasse ombragée (il fait très chaud !), et une bonne bière fraîche (hummm! surtout la première gorgée !).
Puis visite pedibus cum jambis de ces statues gigantesques, ces montagnes sculptées, je me suis demandé si Dieu, quand il eut façonné Adam avec de l'argile, n'aurait pas secoué sa main un grand coup pour se débarrasser de la terre qui était restée collée à ses doigts, et ça aurait donné ce paysage fantastique. Mais quelques photos en diront plus que je ne saurais en dire!
Comme vous pouvez voir les panneaux de signalisation ne sont pas très respectés! En tout cas un site qui vaut le détour, d'ailleurs on s'en aperçoit rien qu'au grand nombre de touristes qui sillonnent le coin.
Après un bon dîner terrasse et une bonne nuit, cap au sud!
Au bout de quelques heures on approche de la mer et la route bifurque vers l'est...
Et puis tout à coup, sur les collines entre les quelles la route se faufile, des pins d'Alep, des oliviers, une flore de maquis et un drôle de bruit dont on ne distingue pas tout de suite l'origine... les cigales bien sûr !
Cette fois ça y est on a rejoint la Mère Méditerranée, comme une impression d'être de retour chez soi, au sein de la terre maternelle!
Rebifurcation vers le sud, la route s'élève pour passer une chaîne de montagnes, puis après un dernier col, on aperçoit en contrebas l'immense plaine d'Antioche, bien plate et entièrement cultivée. On comprend vu la richesse de la contrée, pourquoi les syriens râlent que les français aient cédé toute cette région (le Sandjak d'Alexandrette) aux turques en 1939. D'ailleurs ils n'ont toujours pas avalé la pilule, et sur toutes les cartes de la Syrie imprimées dans le pays, ce territoire est considéré comme syrien.
Arrivée à Antioche, ville chargée d'histoire, créée par Séleucos juste après la mort d'Alexandre, capitale du royaume séleucide, rivale d'Alexandrie, puis capitale de la Syrie romaine et une des premières communautés chrétiennes.
Près de 400.000 habitants au IIème siècle, elle en compte actuellement quelques 50.000. Construite sur l'Oronte au pied d'une montagne, elle me fait penser à Damas sur le Barada au pied du Mont Quassioun pris d'assault par les maisons de la ville.
En tout cas ville très sympathique avec des souques couverts très animés (l'entrée des souques se trouve entre les deux immeubles qu'on voit sur la photo).
Meilleur hôtel de la ville, et... bonne nuit les petits!
Le lendemain départ pour la Syrie. Après une route sans problème, arrivée à la frontière syrienne, et là première confrontation avec l'administration du pays! On pose sa voiture dans un coin et on commence le parcours du combattant: ça démarre avec un guichet où dix personnes sont agglutinées le bras tendu avec des papiers au bout, essayant de passer avant tout le monde. On est obligé de jouer des coudes, et de hurler en français n'importe quoi pour impressionner l'adversaire. Ensuite on vous envoie dans un bureau éloigné où on paye une taxe, on ne sait pas trop laquelle, puis dans un deuxième où on vous met un tampon sur un des nombreux papiers qu'on a déjà accumulés, après ça il faut trouver la personne qui doit apposer sa signature sur le tampon en question, puis la personne chargée de fouiller la voiture qu'on déplace pour l'occasion... et ce n'est pas fini !! Mais je ne me souviens plus des autres arcanes de cette douane, bref deux bonnes heures avant de pouvoir passer la frontière, enfin !
Autoroute à deux voies jusqu'à Damas, un cycliste de temps en temps, une charrette à âne, un camion qui sort en trombe d'un parking, une voiture venant de l'autre sens qui traverse devant vous parce que c'est là qu'elle va... mais tout ça bon enfant et on ne voit jamais d'accident.
Cette histoire pour bien se rendre compte: il y a un ou deux ans, le gouvernement a fait venir du Japon une équipe spécialisée dans la circulation automobile en milieu urbain, pour essayer de réguler la circulation à Damas (beaucoup de voitures, beaucoup de klaxons, mais jamais d'énervement et tout finit par bien se passer). Au bout de trois mois d'études et d'observation, l'équipe est repartie en disant: on ne peut rien faire, ici on conduit à la baraka et ça marche, continuez comme ça!!!
J'arrive vers cinq heure à Damas, me fais précéder d'un taxi pour arriver à Bab-Touma, porte de la vieille ville, vais voir mon "correspondant" Abou-'Amar qui me guide dans un vrais labyrinthe ( un tord- boyaux ?) avant d'arriver devant la porte de ma maison. Grande émotion vous vous en doutez !!!
Et la suite au prochain numéro !!